Ma fierté mise à l’épreuve  

Ma fierté mise à l’épreuve  

J'ai célébré le 12 juin dernier le 33e anniversaire de prise de possession de ma résidence sur la dernière rue du développement du  Plateau d'alors. Ma première maison! « The trip of a life time! », comme je me plaisais à le clamer haut et fort à mes amis et à mes proches. Quelle  fierté m'habitait de devenir propriétaire terrien et de posséder mon petit morceau de planète à chérir! Quelle fierté également allait me motiver à créer avec mes concitoyens des rues avoisinantes une association de quartier (devenue l'ARP) afin de promouvoir un esprit d'appartenance qui  revêtait une grande importance pour cette vie en société à inventer  totalement. 

L'an passé, lorsque j'ai produit, à titre de président fondateur de  l'ARP dans le cadre de son 30e anniversaire, une série d'articles relatant  les diverses activités, j'ai parlé du concours Quartier fleuri, organisé pour stimuler l'aménagement paysagiste des résidences nouvellement  acquises. Tous les propriétaires étaient éligibles, aucune inscription nécessaire; il s'agissait simplement d'avoir aménagé un tant soit peu la devanture de sa maison. Les responsables de cette activité faisaient le tour du quartier à maintes reprises au cours des 3 mois du concours pour  évaluer l'évolution des aménagements et ils avaient à chacune de leur  visite plus de candidatures à considérer.  

Aujourd'hui, lorsque je prends ma marche quotidienne, je me surprends à jouer ce rôle d'évaluateur des aménagements paysagistes de  ce concours et, en dépit du fait que les normes environnementales ont changé, c'est une certaine tristesse, voire une vive déception qui m'habite lorsque je constate un laisser-aller qui se généralise.  

Pourtant, entretenir son terrain est à la portée de tous et présente de nombreux avantages. D'abord physique : alors que l'on cherche comment se libérer de la sédentarité que la technologie nous impose, faire un peu de sarclage sur son terrain, quel qu'en soit le type d'aménagement, constitue un excellent exercice pour les muscles et les articulations, sans parler des bienfaits de respirer de l'air pur, de « jouer dehors ». 

Il y a aussi l'aspect psychologique: lorsque l'on fait du jardinage, c'est bon pour l'esprit. La concentration demandée par l'activité fait qu'on  ne pense à rien d'autre... surtout si l'on a pris soin de laisser son cellulaire à l'intérieur, ou encore de le mettre en mode veille et ne garder que le calculateur de pas.  

S'ajoute la dimension esthétique : même si les goûts ne se discutent pas, un terrain bien entretenu est un véritable plaisir visuel pour soi-même, les voisins et les passants. Il crée un espace esthétiquement agréable  avec des plantes, des fleurs, des arrangements paysagers et des aménagements qui reflètent les goûts personnels.  

Et, enfin, en tant que propriétaire, personne ne veut voir sa maison perdre de sa valeur. En cette période où les logements se font rares et très dispendieux, c'est une chance d'avoir un toit où habiter et encore plus d'en être propriétaire. Pourquoi ne pas donner une valeur ajoutée à son bien en prodiguant à sa devanture des soins élémentaires. C'est toute la rue qui s'en voit gratifiée sachant bien que la valeur d'une maison est  influencée par celles du voisinage. 

Je déplore par ailleurs que la Ville ne valorise pas dans son Programme d'embellissement des quartiers le volet propriété privée et qu'elle n'ait pas d'incitatifs à l'entretien et à l'amélioration des terrains privés. À cet égard, sa politique justifiée de protection de l'environnement (heures d'arrosage, interdiction de pesticides et herbicides nocifs) en raison des changements climatiques a ainsi donné prétexte à un laisser aller où l'on voit de plus en plus d'aménagements de terrain laissés carrément à l'abandon.  

Le quartier a été beau, mais il perd de son lustre. Il relève de la responsabilité individuelle de ne pas laisser dépérir un investissement personnel majeur et faire en sorte que notre quartier demeure à la hauteur de sa réputation et de nos attentes. C'est donc un appel à la fierté individuelle et collective que je fais en vous partageant ces réflexions. Le Plateau est un des plus beaux quartiers de la Ville de Gatineau, je veux demeurer fier d'y habiter et aidons-nous mutuellement à le faire.    

Solidairement,

Marc Jacques Girard
Président fondateur de l'Association des résidents du Plateau